Fils de Vatican II
60 ans du Concile. L’abbé Claude Ducarroz était séminariste dans les années soixante. Il a vécu la préparation et la célébration de Vatican II de l’intérieur et nous raconte cette page de l’Église.
Publié le 09 juillet 2020
Le 11 mars l'Organisation Mondiale de la Santé qualifie le COVID-19 comme une pandémie. Comment cette crise à changé notre manière de vivre et notre relation avec Dieu et les autres? Témoignage de François-Xavier Amherdt, 63 ans, prêtre du diocèse de Sion et professeur de théologie à l’Université de Fribourg.
Très sereinement. Comme une période bénie de prise de recul, comme une grande retraite me permettant de dormir, de prier davantage, de faire davantage oraison. Mais aussi un temps de souffrance, en communion avec tant de personnes en difficultés psychologiques et spirituelles, en solitude, avec tant de familles endeuillées ne pouvant pas célébrer comme elles le souhaitaient les funérailles de leurs défunts, avec tant de couples et de familles submergées par la masse de tâches supplémentaires, et surtout inquiètes pour leur avenir professionnel et leur situation économique.
J’ai donné mes cours en ligne, en rythme normal. J’ai corrigé une multitude de thèses et de travaux de licences canoniques, masters, diplômes et bachelors. J’ai rédigé des ouvrages et des articles de revues. J’ai vécu toute une série d’accompagnements personnels ou spirituels par téléphone ou courriel. J’ai participé à un grand nombre de séances par visioconférence. J’ai célébré à huis clos.
L’hypertrophie des offres liturgiques centrées sur l’eucharistie, et donc par le fait même sur la présence du prêtre, durant ce temps de confinement, m’interroge
Ne devrions-nous pas diversifier les modalités d’invitations à nous mettre en relation avec le Seigneur, par la prière individuelle et communautaire, l’oraison, le partage de la Parole ? Ne devrions-nous pas davantage initier les baptisés à la relation intime avec la Trinité sainte, par des itinéraires de vie spirituelle et de méditation ? Ne devrions-nous pas investir davantage de force sur les activités diaconales ad extra, pour une Église véritablement en sortie vers les périphéries, pauvre avec les pauvres.
Je crois de plus en plus à l’importance de la dimension de la vie intérieure et à l’intimité avec le Christ, d’où découlent naturellement le sens de la fraternité et celui de la communauté. Puisse l’Église institution mettre en place un accompagnement du personnel soignant, des indépendants, des travailleurs en difficultés, ces prochains mois et années.