Synode 2021-2024

Synode : le rapport de synthèse montre l’ampleur du débat, le consensus et les questions ouvertes

Le rapport de synthèse de la première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode, présenté au Vatican, montre en 40 pages l'ampleur du débat, entre consensus et questions ouvertes.

Le document, publié en italien après plus de trois semaines de travail, présente le large consensus des participants – tous les points ont été approuvés à au moins 80 % – sur le rôle des femmes, le ministère des évêques et l’œcuménisme, entre autres.

« Le cri des pauvres, de ceux qui sont contraints d’émigrer, de ceux qui souffrent de la violence ou des conséquences dévastatrices du changement climatique a retenti parmi nous, non seulement à travers les médias, mais aussi à travers les voix de beaucoup », peut-on lire dans l’introduction du document.

Le texte, divisé en trois parties, ouvre la voie au débat qui se tiendra dans les communautés catholiques avant la deuxième session de cette assemblée synodale en 2024.

Les participants soulignent « l’ouverture à l’écoute et à l’accompagnement de tous », la valorisation des différences et la promotion d’une plus grande implication des catholiques dans la vie de l’Église.

La situation des migrants, des personnes vivant dans la pauvreté, des peuples autochtones, des victimes de la guerre et de divers types d’abus, du racisme ou de la traite des êtres humains est rappelée dans le texte, qui souligne que, dans l’Église, « l’option pour les pauvres et les laissés-pour-compte est une catégorie théologique avant d’être culturelle, sociologique, politique ou philosophique ».

Après avoir abordé les questions liées aux communautés catholiques orientales et à l’œcuménisme, le rapport souligne « l’égale dignité » de tous les membres de l’Église et préconise une plus grande participation des laïcs, en particulier des femmes.

Les participants ont dénoncé la persistance d’attitudes de « cléricalisme, de machisme et d’usage inapproprié de l’autorité » dans l’Église, appelant à « un dialogue entre hommes et femmes sans subordination, exclusion ou compétition ».

Le texte consacre plusieurs passages à l’accès des femmes au diaconat, la question qui a le plus divisé les votes, avec des appels à approfondir « la recherche théologique et pastorale » sur ce sujet, en commençant par les commissions créées par le Pape.

Le document souligne la nécessité de « garantir que les femmes participent aux processus de décision et assument des rôles de responsabilité », en rejetant la discrimination et l’exploitation des femmes, y compris des femmes consacrées, dans l’Église.

Un autre sujet abordé est le célibat des prêtres, qui, selon les participants, doit être « approfondi », en particulier en ce qui concerne son obligation en tant que discipline dans l’Église de rite latin.

La session synodale a consacré une longue réflexion à la figure de l’évêque, considérant que sa mission doit être exercée dans une attitude de « coresponsabilité », en donnant comme exemple la question des abus, pour laquelle est proposée la possibilité de confier les tâches judiciaires à un autre organe de l’institution canonique.

L’assemblée demande « une vérification des critères de sélection des candidats à l’épiscopat », en équilibrant l’autorité du nonce apostolique et la participation de la conférence épiscopale locale, ainsi que l’écoute d’un plus grand nombre de personnes dans ce processus.

La formation des futurs prêtres, avec une attention particulière à « l’éducation affective et sexuelle », est une préoccupation soulignée dans le document, qui insiste sur le fait que le sacerdoce doit être considéré comme un service et non comme un « privilège ».

Contrairement au document de travail (Instrumentum Laboris), issu de la consultation mondiale lancée en 2021 par le pape, le rapport de synthèse évite les références directes aux personnes LGBT, admettant de « nouvelles questions » concernant « l’identité de genre et l’orientation sexuelle ».

L’assemblée appelle à une écoute « authentique » des « personnes qui se sentent marginalisées ou exclues de l’Église en raison de leur situation matrimoniale, de leur identité et de leur sexualité », et suggère également au SCEAM (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar) de promouvoir un « discernement théologique et pastoral » sur « l’accompagnement des personnes en union polygame qui viennent à la foi ».

La relation de l’Église avec le monde des technologies de la communication a conduit à la proposition de « reconnaissance, formation et accompagnement » pour les « missionnaires numériques », en créant des « réseaux collaboratifs d’influenceurs ».

L’assemblée synodale, présidée par le Pape, a compté 365 votants, dont 54 femmes, ainsi que 12 représentants d’autres Églises et communautés chrétiennes (délégués fraternels), huit invités spéciaux et des collaborateurs du Secrétariat général du Synode.

La Suisse a envoyé deux représentants : Mgr Félix Gmür, évêque de Bâle et président de la Conférence des évêques suisses, et Mme Helena Jeppesen comme déléguée laïque de la voix européenne.

En outre, Claire Jonard, du Centre Romand des Vocations (CRV) était présente en tant qu’experte facilitatrice.