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Rogations dans notre unité pastorale

Nous devons les Rogations à saint Mamert, évêque de Vienne du Ve siècle qui a institué les processions pour la fécondation de la nature. Ce « saint de glace », fêté le 13 mai, a commencé à invoquer la miséricorde de Dieu pour protéger ses fidèles des forces maléfiques du cosmos qui voulaient détruire les récoltes et nuire à la vie humaine. Les Rogations, fruits de la foi et de la piété populaire, très vite sont incrustées dans le paysage de nos paroisses en campagne et elles étaient célébrées avec ferveur partout dans le monde.

PAR L’ABBÉ ANDRZEJ KOLODZIEJCZYK | PHOTOS : ANDRZEJ KOLODZIEJCZYK, DR

L’historien français Jules Michelet se souvient dans un livre paru au milieu du XIXe siècle : Au mois de mai, le jour des Rogations, j’entendis des voix nombreuses, mais faibles, très faibles, qui chantaient des prières, en parcourant le jardin du couvent. Je distinguai « Te rogamus, audi nos », le chant d’espérance qui appelle sur la nature féconde la bénédiction du Dieu de vie (du prêtre, de la femme, de la famille).

Te rogamus, audi nos – expression latine qui se traduit – nous t’en supplions, écoute-nous – donnait le nom aux Rogations. On a donc prié pour le rythme harmonieux de la pluie, du soleil et du vent, on a demandé la protection contre la peste, de la famine et de la guerre, du fléau des tremblements de terre, de la foudre et de la tempête. Mais dans la litanie des saints chantée pour cette occasion, on se tournait vers l’homme, vers la santé de son âme et de son corps. Ainsi on a supplié la libération de tout péché, des embûches du démon, de la colère, de la haine et de toute mauvaise volonté et de la mort éternelle.

Les Rogations avaient donc une signification plus forte qu’un rite magique connu dans chaque religion qui prenait comme but la protection contre tout mal. Elles étaient la prière qui permettait à l’homme de sortir sa prison intérieure, de vivre en harmonie avec la nature et dans la liberté de l’enfant de Dieu. Elles permettaient aux fidèles de voir la beauté du monde, de la louer avec les autres et la confier au Dieu-Créateur.

Cette année, […] avec les chants et la récitation du chapelet, nous irons vers les croix et les chapelles du village. Là-bas nous allons écouter la Parole de Dieu et élever vers le Seigneur nos supplications « pour les biens de la terre ». Un moment de convivialité est prévu à la fin de la procession. Venez nombreux à cette belle prière qui unissait nos ancêtres et qui n’a rien perdu de son actualité. Avec foi, confirmons que « le Seigneur est bon ! Eternel est son amour ! » (Ps 117)