Un audioguide pour la chapelle de Montban
L’Association des Amis de la Chapelle de Montban, fondée en 2015, a travaillé activement à la récolte de fonds pour la restauration de ce lieu précieux pour les habitants de la région.
Publié le 18 septembre 2023
Poursuivons notre parcours à travers les paroisses du décanat de Fribourg en nous intéressant dans ce numéro à l’église Saints-Pierre-et-Paul de Villars-sur-Glâne. Si le centenaire de l’église actuelle a été célébré en 2016, l’histoire de la paroisse de Villars-sur-Glâne est bien plus ancienne.
PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : SÉBASTIEN DEMICHEL, BCU, FONDS LÉON DE WECK
Des origines médiévales
La première mention d’une église à Villars-sur- Glâne remonte au milieu du XIIe siècle, soit à époque de la fondation de la ville de Fribourg par Berthold IV de Zaehringen. Les premiers siècles de l’histoire de cette église demeurent largement obscurs, tout comme la raison de la dédicace aux saints Pierre et Paul, qui ne sont mentionnés ensemble qu’au XVe siècle. On sait en revanche que la paroisse était d’abord rattachée au décanat d’Avenches, puis à Fribourg et dès 1580 à Belfaux (décanat Sainte-Croix).
À la fin du Moyen Âge, le territoire de la paroisse est important et sa situation est idéale. Sur le chemin de Saint-Jacques entre Fribourg et Romont, le site attire nombre de pèlerins. La paroisse compte alors sept chapelles dont la plupart ont malheureusement disparu. Le territoire se réduit ensuite en raison de l’expansion de Fribourg qui forme elle-même une paroisse. En 1442, Villars passe d’ailleurs sous la suzeraineté de Fribourg, ce qui engendre une modification profonde de sa structure sociale avec l’intégration du patriciat urbain.
Les évolutions de l’époque moderne
Du XVIe au XVIIIe siècle, les limites géographiques de la paroisse sont précisées. Les habitants du quartier des Places sont rattachés à Saint-Nicolas, tandis que ceux des hauts de la ville (Guintzet et Bertigny) dépendent désormais de la paroisse de Villars. Au XVIIIe siècle, l’église est dans un état de délabrement avancé, si bien que l’évêque Claude-Antoine Duding exhorte les paroissiens à oeuvrer au rétablissement de leur église. Il est entendu puisque sont entrepris d’importants travaux, qui modifient l’église en profondeur.
L’invasion des troupes françaises de 1798 ne touche pas matériellement l’église, mais modifie les structures politiques avec l’avènement de la commune politique moderne, qui prend le pas sur la paroisse. En 1861, la foudre frappe l’église et provoque des dégâts importants. De plus, la population villaroise croît fortement au cours du XIXe siècle, à tel point que l’église est devenue trop exiguë.
La construction d’une nouvelle église
Au tournant du XXe siècle, la paroisse se décide pour une nouvelle construction, mais un premier projet est refusé pour des raisons financières. Après deux décennies de tractations, un nouveau projet est cette fois approuvé en 1914. Plusieurs facteurs expliquent cet heureux dénouement : le délabrement de l’église est tel qu’aucune autre solution ne paraît satisfaisante ; la paroisse de Villars dispose d’une bonne partie des 75’000 francs d’indemnité de la ville de Fribourg pour le transfert de la zone sud de Pérolles, de Beaumont, de la Vignettaz et de Bethléem à la capitale ; les
autorités paroissiales, communales et cantonales ainsi que l’évêché sont cette fois sur la même longueur d’onde.
En juin 1914, la commission de bâtisse approuve les plans de l’architecte Frédéric Broillet, qui est choisi à l’unanimité pour être l’architecte de la nouvelle église. Il adopte un style « roman modernisé », retenu ensuite sous le nom de « Heimatstil » (architecture du début du XXe siècle qui se veut modeste et respectueuse de l’artisanat et des matériaux locaux). La construction se fait ensuite rapidement. En août 1915, la première pierre est posée et bénie et, moins d’une année après, une première messe est célébrée dans la nouvelle église. Mgr Placide Colliard bénit l’église et scelle dans l’autel les reliques de saint Symphorien, de sainte Blandine et de sainte Pia. L’ancien autel est placé dans le choeur avec la châsse de sainte Quintienne.
Les transformations au cours du XXe siècle
La nouvelle église dispose d’une nef de 28 m de long et 13,8 m de large ainsi que d’une tour élancée de 26 m de haut. Son orgue est inauguré en 1917, tandis que l’église se dote de vitraux de style art nouveau modéré avec notamment un cortège de saintes et de saints : saint Joseph, sainte Élisabeth de Hongrie ou encore saint François d’Assise s’y côtoient. Ces vitraux réalisés par l’atelier Kirch et Fleckner sont offerts par des paroissiens dont les noms figurent au bas de chaque vitrail. Quant aux autels latéraux, ils sont dédiés au Sacré-Coeur et à la Vierge Marie.
Tout au long du siècle, la paroisse de Villars est marquée par de nombreuses mutations : recul des congrégations, introduction d’une messe en allemand, nombreuses épurations dans l’édifice, etc. En 1960, deux cloches sont installées et bénies durant la fête patronale. Elles viennent s’ajouter à l’ancienne cloche gothique datant de la seconde moitié du XIVe siècle (une des plus anciennes cloches du canton) et aux deux cloches du XIXe siècle. En outre, des statues fin XVIe – début XVIIe siècle (un Christ en croix, un saint Pierre et un saint Paul) sont exhumées de la sacristie et placées dans le transept près des fonts baptismaux au moment de la restauration de 1993.
En 2005, la paroisse Saints-Pierre-et-Paul se regroupe en unité pastorale avec la paroisse Saint-Pierre (UP Saint-Pierre-et- Paul), puis en 2015 toutes deux constituent l’UP Saint-Joseph qui intègre les paroisses Sainte-Thérèse (Fribourg) et Saint-Laurent (Givisiez et Granges-Paccot). En 2016, pour célébrer le centenaire de la nouvelle église, Michel Charrière publie un remarquable ouvrage dont je me suis largement inspiré pour cet article et la paroisse inaugure son nouveau centre paroissial, tout à fait moderne et fonctionnel.