Un audioguide pour la chapelle de Montban
L’Association des Amis de la Chapelle de Montban, fondée en 2015, a travaillé activement à la récolte de fonds pour la restauration de ce lieu précieux pour les habitants de la région.
Publié le 06 juillet 2022
Après un an de travaux, la restauration de l’église de l’abbaye d’Hauterive (FR) a permis de mieux saisir son évolution à travers les siècles. Mais ce haut-lieu du patrimoine fribourgeois doit rester avant tout un espace où la louange de Dieu est célébrée par les moines cisterciens. Visite de chantier, le 6 juillet 2022.
Depuis sa fondation en 1138, avant celle de la ville de Fribourg, l’église du monastère d’Hauterive, dans une boucle de la Sarine, au pied de hautes falaises, a connu nombre de transformations jusqu’à la première grande restauration d’envergure au début du XXe siècle. Cent ans plus tard, de nouveaux défis attendent les restaurateurs. Car si l’église abrite de nombreux trésors artistiques, elle ne saurait de venir un simple musée, «le cultuel et le culturel doivent trouver leur équilibre et leur cohérence», a relevé Dom Marc de Pothuau, Père-Abbé du monastère.
«Ce chantier est particulier dans la mesure où nous devons mener conjointement des études artistiques et historiques et les rénovations proprement dites», indique Charles-Henri Lang, président de la commission de bâtisse. «Après analyse des découvertes, nous devrons faire des choix pour privilégier certaines solutions et certains éléments. L’idée n’est pas celle d’un retour aux origines.»
Les stalles de la fin du XVe siècle, où les moines prient sept fois par jour, sont actuellement le principal objet d’investigations. Leur démontage a permis de mettre au jour un remarquable décor de style renaissance, jusque-là caché par des éléments néo-classiques. On ne connaît pas d’autre ensemble de ce type en Suisse ou en Europe.
Les tombes au pied de l’autel abritaient les corps des abbés d’Hauterive | © Maurice Page (1/9)
Les analyses dendrochronologiques font remonter à 1478-1479 l’abattage des chênes qui ont servi à la construction, révèle l’ébéniste Jean-Pierre Rossier. Ce mobilier monumental sculpté dans le chêne a accueilli les prières et chants des moines durant un demi-millénaire, si l’on excepte la période de 1847 à 1931 durant laquelle les moines ont été chassés. Si l’état général est bien préservé, le soubassement est en revanche affaibli par la pourriture sèche, ce qui rend la restauration d’autant plus nécessaire.
Nettoyés de la crasse accumulé par les siècles, et cirés avec soin les éléments sculptés retrouvent leur éclat, à l’instar d’un chien ou d’un singe parmi le bestiaire qui peuple les stalles entre les grandes figures des prophètes et des apôtres.
Les découvertes faites sur les stalles sont riches d’enseignements pour la création du nouvel espace liturgique, qui verra le jour à l’issue des travaux de restauration. Des discussions sont en cours pour obtenir un consensus général. «Nous voulons éviter l’impression que les moines ont en quelque sorte ›capté’ la prière dans un espace où les fidèles n’auraient pas accès. La prière des moines est celle de toute l’Eglise», insiste le Père-Abbé.
«S’il est trop tôt pour dévoiler un projet concret, on peut d’ores et déjà dire que cela ne sera plus comme avant», explique Stanilas Rück conservateur des Bien culturels du canton. «En matière de rénovation il n’y a pas une, mais des vérités. Ce que nous voulons c’est gagner en convergence et en cohérence.»
Pour Don Marc de Pothuau, le visiteur devra d’emblée saisir l’élan qui conduit vers le choeur du sanctuaire avec l’autel principal au pied de la grande verrière qui ferme le chevet. Amputée de sa partie basse, cette verrière devrait retrouver aussi sa proportion d’origine.
Le peintures plutôt bien restaurées au début du XXe siècle sont en bon état. Elles nécessiteront surtout un nettoyage. Elles représentent un échantillon de tous les siècles.
Enfin une touche contemporaine sera donnée par le mobilier liturgique.
Le Service archéologique de l’Etat de Fribourg a procédé à des fouilles là où les travaux de restauration nécessitaient d’ouvrir le sol de l’église. Sans surprise, les restes de plusieurs défunts inhumés ont été trouvés sous les dalles funéraires, parfois avec des textiles ou des objets. Les ossements sont en cours d’analyse, mais le manque de sources historiques écrites ne permettra pas d’identifier la plupart des individus. Après analyse, les restes seront réinhumés.
L’ouverture de ces tombeaux séculaires ne s’est pas faite sans émotion, souligne le Père Abbé. Chez les cisterciens, la coutume veut que les moines soient enterrés sans cercueil, simplement allongés sur une planche et vêtus de leur habit liturgique.
Entamée en 2021, la restauration de l’église Sainte-Marie est devisée à 9 millions de francs. En plus des stalles et des décors peints, les artisans fribourgeois ont restauré les façades extérieures de l’église et son clocher en tavillons durant les mois derniers. La prochaine étape concernera les vitraux, pour laquelle une commission spécialisée doit être mise sur pied. La restauration s’achèvera en 2025. (cath.ch/mp)