Dans les paroisses

Journée officielle du jubilé de la Cathédrale

Revivez en images et en vidéo la Messe solennelle célébrée par Mgr Charles Morerod pour le 100e anniversaire de la Cathédrale de Fribourg. Un moment fort marqué par la prière, la mémoire et l’élan vers l’avenir.


[2025-02-02] Journée officielle du jubilé de la Cathédrale


Homélie de Mgr Morerod

Je voudrais commencer par une question. En fait, par deux questions :
Y a-t-il un Dieu ?
Oui, je le crois.
Où est-Il ? Peut-on Le trouver ?
C’est un peu plus difficile. Mais pas trop difficile. Il est partout.
Oui, mais peut-on Le trouver ? Et si on peut Le trouver, est-on sûr que ce n’est pas qu’une hypothèse ?
Peut-on Lui parler ? Répond-Il ?
Je pense que c’est une question assez essentielle.
Dieu connaît-Il cette question ?
Oui. S’Il ne la connaissait pas, Il ne serait pas très intéressant. Il connaît cette question. Et Il nous a faits ainsi.
Alors, répond-Il ? Nous croyons que oui. Et pourquoi sommes-nous ici ? Parce qu’Il répond.
Il nous donne des signes, des signes plus ou moins importants.

Un signe de la présence de Dieu, c’est cette cathédrale.
Mais bien sûr, ce n’est pas le signe le plus important. Il y a des signes de la présence de Dieu. Nous le croyons parce qu’Il vient. Ces signes apparaissent dans la liturgie. Par exemple, le temple de Jérusalem.
Nous avons entendu dans la première lecture de Malachie : « Voici que j’envoie mon messager. Soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez. » On a dû se demander ce que cela voulait dire : « Soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez. » Mais ce texte, et d’autres, ne sont pas tombés dans des oreilles de sourds.

Syméon et Anne étaient précisément dans le temple parce qu’ils attendaient. Et c’est parce qu’ils attendaient qu’ils ont pu, avec l’aide de Dieu, reconnaître un signe. Un signe qui n’est pas seulement le temple lui-même, qui n’est pas seulement une maison de pierre, mais qui est le Seigneur Dieu fait homme.

Alors, le cri de Syméon…

Ceux qui, parmi nous, et en particulier en ce jour de la fête de la vie consacrée, prient la Liturgie des Heures, le Bréviaire, savent que l’on termine la journée avec un office où l’on reprend ce texte de Syméon : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu le Salut que tu prépares à la face des peuples. »

Quand on parle aussi du dimanche de l’apostolat des laïcs, c’est en fait celui de tous les baptisés.

« Mes yeux ont vu le Salut. »
C’est ce qu’il s’exclame, et c’est à ce cri que nous nous unissons. Nous pouvons en être émerveillés. Dieu fait homme est là. Mais maintenant arrive la question suivante : Peut-être que certains d’entre nous s’appellent Syméon, ou plus probablement Anne, mais nous ne sommes pas dans le temple de Jérusalem pour voir Jésus arriver. Alors, s’Il nous donne un signe, comment pouvons-nous y avoir accès maintenant ?

Il y a bien des manières. Quand on a construit cette église, sa tour était la plus haute d’Europe. Ensuite, évidemment, la compétition a continué et bien d’autres édifices se sont élevés plus haut. Mais cela reste significatif. Il n’y a pas seulement une part de fierté dans le fait de se dire : « Nous, une bourgade qui n’est pas la plus grande d’Europe, avons offert une tour plus haute que les autres. » Mais en fait, c’est pour que l’on voie que là, il y a quelque chose. Et on peut même l’entendre, car il y a des cloches. Il y a des cloches, on peut les entendre. Ce sont des signes de la présence de Dieu. Ils nous sont donnés pour cela : des signes visibles.

Pourquoi cette église est-elle une cathédrale ?
D’abord, qu’est-ce qu’une cathédrale ?
La cathédrale, c’est là où se trouve la chaire de l’évêque, c’est-à-dire l’endroit où il prêche. C’est précisément pour que nous puissions nous unir au cri de Syméon, pour que la foi soit proclamée, pour que la présence du Seigneur puisse être perçue et crue. C’est pourquoi on annonce la foi d’une manière particulière dans une cathédrale. La mission de l’évêque n’est pas celle d’un individu, mais d’une fonction. Mais j’ai tout de même intérêt à bien la connaître. Sa mission est de garantir la continuité de la foi dans le temps et dans l’espace.

Vous avez peut-être remarqué que, pendant la messe, on prie dans la prière eucharistique « avec notre pape et notre évêque ». Cela signifie que nous prions en communion avec eux et que la foi est la même dans le monde entier. Elle est aussi la même à travers le temps. Voilà un des rôles d’une cathédrale dans un diocèse.

Nous sommes des signes et nous nous encourageons mutuellement.
Quand on dit que la cathédrale est l’endroit où l’évêque prêche, je vous signale qu’il est tout à fait content de ne pas y être seul. Parce que, sans vous, l’évêque – moi, par exemple, ici – ne sert à rien. Si cela n’a pas de sens pour l’ensemble de l’Église, cela n’a pas de sens tout court. Je suis donc heureux de vous voir, entre autres pour cette raison.

Maintenant, pourquoi est-ce que cette église est une cathédrale, et pourquoi l’est-elle depuis 100 ans ? Eh bien, il y a une raison qui, au fond, est plutôt triste. Je ne veux pas gâcher la fête, mais il ne faut pas oublier que, s’il n’y avait plus de cathédrale dans le diocèse de Lausanne, devenu entre-temps diocèse de Lausanne et Genève, c’est parce que le prince-évêque de Lausanne et le prince-évêque de Genève ont été expulsés.

Évidemment, le fait d’être à la fois prince et évêque a joué un rôle dans cette expulsion. Car certains avantages peuvent aussi être des inconvénients. Mais il est tout de même triste que les chrétiens se disputent et se divisent. Il y a donc une part de tristesse dans le fait qu’il n’y avait plus de cathédrale, mais aussi une joie dans le fait que nous en avons retrouvé une, sans chercher à reprendre celles qui sont aujourd’hui occupées par d’autres. Ce ne serait pas un beau geste.

D’ailleurs, je vous signale que cette année marque aussi les 750 ans de la cathédrale de Lausanne, consacrée par le pape, en présence de l’empereur d’Allemagne. Et je vais m’y rendre le Vendredi saint. Je peux l’annoncer maintenant, car le programme sera publié dans quelques jours. Je le savais déjà depuis un moment, mais je devais garder le secret.

Et je crois que c’est un beau signe : ces deux jubilés se célèbrent en même temps. Que ces édifices ne soient pas des rivaux, mais qu’il y ait une relation amicale entre une cathédrale maintenant réformée et une cathédrale catholique, et que nous ne nous tirions plus dessus, c’est un signe très positif. D’ailleurs, je vais très volontiers à la cathédrale de Lausanne.

Je crois que c’est également une occasion pour nous de prier pour l’unité des chrétiens, car ces lieux, signes de la présence de Dieu, sont aussi devenus, au cours de l’histoire, des signes de division. Mais je crois que ce n’est plus le cas aujourd’hui, et je m’en réjouis vivement.

Finalement, laissons résonner en nous la raison la plus profonde de notre présence ici : nous pouvons dire, comme Syméon et Anne, que nous voyons la présence du Seigneur. Nous croyons qu’il est là, et, en vérité, je ne peux m’empêcher de penser à ces paroles du pape Benoît XVI, prononcées lors de sa dernière audience publique, alors qu’il avait déjà démissionné, mais qu’il était encore, pour quelques instants, à la fin de son pontificat.

Il a dit : « Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai toujours cru que le Seigneur était présent. » Eh bien, je peux dire la même chose. J’en suis heureux. Remercions le Seigneur d’être présent. Nous pouvons, comme Syméon, nous réjouir de pouvoir Le rencontrer, L’écouter, Lui parler et entrer en dialogue avec Lui.

Et comme c’est le dimanche de l’Apostolat des laïcs et de la vie consacrée, des personnes se donnent à Lui. Eh bien, tous, répétons ce cri, exprimons notre joie, car elle est une lumière pour le monde et une source de paix.