Vatican

« Espère » : Le Pape dévoile des mémoires inédites du conclave de 2013

Le Pape François partage des mémoires inédites sur le conclave de mars 2013 qui l’a vu élu, dans une autobiographie inédite intitulée Spera (Espère), évoquant la curiosité des cardinaux et sa surprise face à son élection.

« Dire que je ne m’attendais à rien de tel, jamais de ma vie et encore moins au début de ce conclave, serait un euphémisme », écrit François dans cette autobiographie, qui est désormais disponible en librairie.

Le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio, alors âgé de 76 ans, est entré en conclave le 12 mars 2013 et a été élu dès le lendemain pour succéder à Benoît XVI, prenant le nom inédit de François.

Le pape explique que, comme le suggéraient les vaticanistes, il aurait pu jouer un rôle de « faiseur de roi » (kingmaker), dans sa position de cardinal latino-américain capable d’influencer le vote en faveur d’un candidat.

« Je ne comptais pas parmi les favoris. Les principaux candidats mentionnés par les journalistes en mars 2013 étaient : l’archevêque de Milan, Angelo Scola ; le cardinal de Boston, Sean O’Malley ; l’archevêque de São Paulo, Odilo Scherer ; et Marc Ouellet, le cardinal canadien, aujourd’hui président émérite de la Commission pontificale pour l’Amérique latine », se souvient-il.

Pendant les congrégations générales, réunions préparatoires des cardinaux, Jorge Mario Bergoglio avait prononcé un discours qui avait suscité beaucoup d’intérêt.

« Un cardinal m’a approché et m’a dit : “Nous aurions bien besoin d’une personne pour faire tout cela…” Je lui ai répondu : “Oui, mais où la trouver ?” Et lui de me dire : “Toi.” J’ai commencé à rire : “Ah, ah, ah.” »

Le 12 mars, au début du conclave, le futur pape s’est présenté à la Maison Sainte-Marthe avec une valise contenant « peu de choses ».

« J’avais tout laissé à Buenos Aires : les livres que je lisais, les homélies que j’avais préparées pour le Dimanche des Rameaux et le Jeudi saint, ainsi qu’un peu de désordre. J’avais même acheté mon billet de retour pour le samedi 23 », révèle-t-il.

Quelques jours avant l’élection, il avait confié à un autre archevêque : « En ce moment de l’Église, aucun cardinal ne peut dire non. »

La première séance de vote le trouva « absolument tranquille », bien que les voix en sa faveur se soient accumulées lors des deuxième et troisième scrutins.

C’est seulement lorsqu’un cardinal l’interrogea sur sa santé – il avait subi en 1957 l’ablation d’un lobe pulmonaire – qu’il commença à envisager la possibilité de son élection.

« J’ai alors compris qu’il y avait au moins un risque », se rappelle-t-il.

Le Pape affirme qu’il n’a jamais rempli le bulletin utilisé pour compter les votes de chaque cardinal, ajoutant avec humour : « Le dépouillement est vraiment ennuyeux à suivre, ça ressemble à un chant grégorien, mais avec beaucoup moins d’harmonie. »

La majorité des deux tiers des votants fut atteinte au cinquième tour, lors duquel un nouveau vote fut nécessaire en raison d’un bulletin blanc supplémentaire.

« Alors que les cardinaux applaudissaient encore et que le dépouillement se poursuivait, le cardinal Hummes, qui avait étudié au séminaire franciscain de Taquari, au Rio Grande do Sul, s’est levé et est venu m’embrasser : « N’oublie pas les pauvres », m’a-t-il dit. Cette phrase m’a profondément marqué, je l’ai ressentie dans ma chair. C’est alors que le nom François m’est venu », se souvient-il.

Le Pape raconte qu’à la sacristie, il a choisi de porter l’anneau de son ordination épiscopale et a refusé la croix en or ainsi que les souliers rouges.

« Ce n’était pas prémédité. C’était simplement ce que je ressentais, de manière spontanée. Tout comme je n’ai pas voulu de la cape en velours ni du rochet de lin », explique-t-il.

« Je suis immédiatement allé voir le cardinal Ivan Dias, qui était en fauteuil roulant, et, peut-être par manque d’assurance avec mes nouvelles tenues, j’ai trébuché sur une marche. Mon premier acte en tant que pape… a été un faux pas. Mais je ne suis pas tombé. »

François admet avoir trouvé la paix après son élection et confie aimer être entouré de personnes, évoquant son choix de résider à la Maison Sainte-Marthe, une réponse à son besoin de vivre « avec les autres », une décision qui a surpris et même perturbé certains responsables du Vatican.

À propos de la mort, le Pape dit adopter une « attitude très pragmatique ».

« Quand cela arrivera, je ne serai pas enterré à Saint-Pierre, mais à Sainte-Marie-Majeure : le Vatican est la maison de mon dernier service, pas celle de l’éternité. Je reposerai dans l’espace où sont actuellement gardés les chandeliers, près de la Reine de la Paix, celle à qui j’ai toujours demandé de l’aide et qui m’a embrassé plus de cent fois au cours de ce pontificat. On m’a confirmé que tout est prêt », écrit-il.

Nous, chrétiens, devons savoir que l’espérance ne trompe pas et ne déçoit pas : tout naît pour s’épanouir dans un printemps éternel. À la fin, nous dirons simplement : je ne me souviens de rien où Tu n’étais pas. »

‘Spera’, publié par Mondadori, est disponible dans plus de cent pays, y compris en Suisse (chez Albin Michel). L’ouvrage a été coécrit avec Carlo Musso, ancien directeur éditorial de non-fiction chez Piemme et Sperling & Kupfer.

Au fil de plus de 25 chapitres et 300 pages, François aborde des thèmes tels que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, les migrations, la crise environnementale, la politique sociale, la condition de la femme, la sexualité, le développement technologique, l’avenir de l’Église et le dialogue interreligieux.

Le livre contient également des photos personnelles et inédites provenant des archives privées du pontife.