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Des pistes pour oser le changement

« Portés par l’Esprit et animés par la joie de l’Évangile, les baptisés ont été réjouis de travailler ensemble dans un échange ou chacun a pu s’exprimer et recevoir ». Ce message résume bien ce qui a été vécu dans cette session diocésaine 2025. Entre le 13 et le 14 février, plus de 1000 personnes se sont retrouvées aux quatre coins du diocèse pour envisager l’avenir de l’Église. En se mettant à l’écoute de l’Esprit, les agents pastoraux et les bénévoles ont réfléchi sur la vie de notre diocèse autour du thème « Osons le changement, et maintenant que faisons-nous ? »

Notre évêque, Mgr Charles Morerod a souhaité que cette session diocésaine, qui était la continuité de la journée du 7 mai 2024, se déroule de manière synodale. C’est la raison pour laquelle elle a lieu dans différents endroits et en plusieurs temps.

La session a débuté le jeudi 13 février dans l’après-midi. Dans les quatre coins du diocèse, les agents pastoraux, prêtres, diacres et laïcs se sont retrouvés pour réfléchir. Ils ont vécu une démarche de discernement ecclésial. À travers des temps de prière, de lecture, de questionnement et de partage, les agents pastoraux ont proposé des projets à développer, des missions à adapter, des activités à transformer, etc. Ils ont exploré, rêvé et essayé de créer ou de mettre en œuvre de nouvelles pistes pastorales.

Le travail de réflexion de l’après-midi s’est poursuivi en soirée. Les bénévoles étaient invités à se retrouver au sein de leur unité pastorale afin de discerner de manière communautaire. Par petits groupes, les participants ont vécu la conversation dans l’Esprit. En partant du récit de la pêche miraculeuse (Luc 5, 1-11), ils ont partagé ce que cette parole faisait résonner en eux, simplement en s’écoutant sans commenter les interventions des personnes. Ils ont ensuite essayé de définir trois initiatives dans lesquelles s’investir ensemble pour donner du dynamisme missionnaire.

Les thématiques, fruits de la réflexion et du discernement des agents pastoraux et des bénévoles, ont été communiquées aux responsables de la session diocésaine.

Les agents pastoraux de l’UP Décanat de Fribourg étaient réunis à la salle de la paroisse Saint-Pierre à Fribourg.

Un discernement ecclésial

Plus de 300 agents pastoraux se sont retrouvés le vendredi 14 février à la paroisse de Renens pour poursuivre la route entreprise la veille. Dans une première partie, ils ont écouté quelques retours de ce qui est ressorti des réflexions dans les cinq régions diocésaines.

« L’objectif de la rencontre était de renforcer la vitalité des groupes paroissiaux et de vivre la conversation dans l’Esprit. », explique l’abbé Olivier Humbert, curé modérateur de l’unité pastorale Mont-Blanc à Genève. Il a relevé cinq éléments essentiels : l’assiduité à la vie de prière, la vie fraternelle qui nous unit dans le Christ, la formation, la vie de la charité et de service. Pour illustrer ses propos il a cité les Actes des apôtres (2, 46-47)  : « Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. »

L’abbé Christophe Godel a présenté les trois pistes de l’UP Montagnes neuchâteloise. « Premièrement, nous devons apprendre à nous écouter les uns les autres avec une attitude joyeuse afin de devenir une Église de l’écoute. Deuxièmement, il faut soigner chaque communauté petite ou grande en favorisant ce qui s’y vit, tout en n’ayant pas peur de simplifier ce qui doit l’être. Troisièmement, nous avons constaté une nécessité de mieux comprendre la foi, un besoin de formation, un désir de développer la lecture de la Bible et d’avoir des liturgies de qualité. »

Au pied de l’autel les cinq cantons de notre diocèse étaient représentés à travers divers objets.

Bettina Gruber a résumé les réflexions de la Région diocésaine de Fribourg germanophone. « Hier et aujourd’hui se sont réunies des personnes qui croient, nous nous demandons comment rejoindre les gens qui ne croient pas. Faut-il créer des centres dans nos unités pastorales ? La réponse n’est pas si simple. Le centre n’est pas toujours un lieu fixe. Le centre c’est le lieu où les gens se réunissent », constate Bettina Gruber. Elle a également noté l’importance d’endroits où les gens peuvent se ressourcer. « N’oublions pas de toujours laisser une porte ouverte, les gens doivent se sentir libres de venir, mais aussi de partir. »

« On nous demande d’avancer au large, mais ne sommes-nous pas encore aujourd’hui sur la plage ? » s’est questionné Pascal Bregnard, de l’unité pastorale Décanat de Fribourg. Il a présenté les cinq thèmes retenus : les jeunes, les enfants, les familles et la formation, le ressourcement, la diaconie et la santé, évangéliser et témoigner, et l’accueil. « Nous devons nous rendre compte que la périphérie ce n’est pas les autres, mais nous ! » Pascal Bregnard rêve que dans le canton de Fribourg l’impôt ecclésiastique sur les personnes morales soit entièrement dédié à la diaconie.

Matthias Rambaud de l’unité pastorale Lausanne Nord a souligné trois thèmes : la liturgie, l’accompagnement spirituel et la vie communautaire. « Nous souhaiterions que des petites communautés se développent là où vivent les gens et que nos églises accueillent des gens marginalisés. » Matthias Rambaud a relevé que cette démarche appréciative vécue aussi par les bénévoles avait été un temps fort au sein de l’unité pastorale.

les désirs de changements et les pistes de transformation ont été confiés dans la prière au cours de l’Eucharistie présidée par Mgr Charles Morerod.

Innover et transformer

La matinée s’est poursuivie par une table animée par Christine Mo Castabella en présence de Jean-François Clément, syndic de Renens depuis 2016 et de Laurence Bohnenblust Pidoux, conseillère synodale et coresponsable du processus Église 29, à l’Église évangélique réformée du canton de Vaud.

Les deux intervenants avaient pour tâches de partager quelques-unes des impulsions qui leur ont permis d’innover dans leur domaine respectif, la commune de Renens et l’Église évangélique réformée.

« Effectivement il faut oser changer, car c’est participer à l’action de Dieu et célébrer l’Évangile pour le temps présent », a affirmé Laurence Bohnenblust Pidoux. Pour la conseillère synodale, le changement passe par six verbes :

  • Pleurer : il faut faire des deuils, laisser de la place, renoncer et oser renoncer.
  • Écouter : souvent nous pensons écouter, nous pensons savoir ce que l’autre veut, mais pour écouter vraiment l’autre, il faut faire un pas de côté.
  • Prier et discerner : il faut s’en remettre à Dieu et faire des choix. Quand on innove, on a toujours envie de tout faire, mais c’est impossible.
  • Quitter le fatalisme : n’oublions pas qu’avec Dieu tout est possible.
  • Oser : il ne faut pas attendre que tout soit parfait pour se lancer. Allez-y et osez échouer. L’échec fait partie de la réussite.
  • Se réjouir : il faut célébrer les étapes posées, car les étapes c’est la vie.

Rien que le fait de bâtir l’Église ensemble est déjà une réussite.
Laurence Bohnenblust Pidoux

Dans son processus Église 29, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud va passer de 86 paroisses à 25. Les communautés vont s’agrandir et devront se diversifier. L’Église évangélique réformée va créer des ecclésioles, communautés paroissiales qui conjugueront diversité et proximité en représentation du tissu paroissial dans les territoires. Elles auront la charge d’un ou plusieurs domaines de la Mission de l’Église, certaines plus traditionnelles et d’autres nouvelles avec des idées créatives.

Les agents pastoraux à l’écoute…

Être à l’écoute

La commune de Renens compte 130 nationalités différentes. 50% de la population a la nationalité suisse, parmi cette population 25% ont reçu cette nationalité », explique Jean-François Clément. Dans cette commune tout nouveau membre est accueilli avec son parcours singulier. Le secret du syndic c’est de savoir être à l’écoute de la population. « J’aime répondre aux besoins des gens », avoue-t-il. « Comme syndic, il faut accompagner les changements, encourager le vivre ensemble tout en apportant de l’humanité. » Une des préoccupations du syndic est la répartition des biens entre une minorité de riches et une grande majorité de pauvres, ainsi que les conséquences sociales et humaines que cela engendre, notamment dans le domaine du logement et du travail.

Et la suite…

À la fin de la matinée, Mgr Charles Morerod a encouragé les agents pastoraux à poursuivre leur engagement. « Je crois que le Christ est là, et qu’il sera présent jusqu’à la fin des temps. Nous sommes dans une Église où nous voyons des éléments de renouveau. Il y a beaucoup de choses positives. Il faut essayer de trouver de la joie dans notre mission. »

Toutes les réflexions faites par les agents pastoraux et les bénévoles dans les décanats et les unités pastorales ont été transmises au comité de pilotage qui a organisé cette session. Mgr Jean-Claude Dunand, vicaire général, a assuré qu’elles seront étudiées.

La rencontre s’est terminée par un moment de partage festif autour de différents plats et saveurs.

La chorale qui a animé la célébration de l’Eucharistie.