Un audioguide pour la chapelle de Montban
L’Association des Amis de la Chapelle de Montban, fondée en 2015, a travaillé activement à la récolte de fonds pour la restauration de ce lieu précieux pour les habitants de la région.
Publié le 30 novembre 2022
Après avoir consacré un premier article à l’histoire de la cathédrale, cette série sur l’histoire des paroisses de la ville va s’intéresser à une autre très ancienne église fribourgeoise : l’église Saint-Jean.
PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : V. BENZ
L’histoire de l’église Saint-Jean est indissociable de celle de la présence de l’Ordre de Malte à Fribourg. L’ordre, dont le nom actuel complet est Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, est fondé au milieu du XIe siècle à Jérusalem. Il tire son origine des premières communautés chrétiennes de Jérusalem qui se mettent au secours des pèlerins en leur apportant réconfort et protection. Dans le contexte des croisades, la composante militaire et chevaleresque s’ajoute à l’idéal hospitalier. L’ordre est reconnu comme ordre religieux laïc de l’Église en 1113.
À la suite de l’échec des croisades, les chevaliers de Jérusalem se retirent en Europe et trouvent refuge à Rhodes et à Malte, îles qui donnent leur nom à l’ordre. Dès le XIIIe siècle, l’Ordre fonde en Europe des maisons de charité appelées « commanderies ». À Fribourg, une première installation est attestée en l’Auge entre 1224 et 1229 près de la place du Petit-Saint-Jean (qui lui doit son nom). En 1259, la maison
de l’Auge est transférée de l’autre côté de la Sarine à la Planche-Supérieure. L’Ordre de Malte prend ainsi possession du terrain accordé à perpétuité par la ville et l’État au lieu-dit Les Planches. Il y fait bâtir une
commanderie et une église, consacrée en 1264 sous les vocables de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste. Le pont du Milieu est construit pour relier la commanderie de Saint-Jean sur la rive droite de la Sarine à la paroisse voisine (Tavel).
Avec sa consécration, l’église Saint-Jean reçoit une double fonction. C’est à la fois la chapelle de la commanderie des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et l’église du quartier des Planches (Saint-Jean des Planches). À cette époque, elle n’est pas encore église paroissiale et dépend toujours de la paroisse de Tavel. En 1281, un premier clocher est construit. Entre 1370 et 1385, un jubé gothique (tribune élevée
formant une galerie entre le chœur et la nef dans les églises anciennes) est ajouté. Dans la seconde moitié du XVe siècle, un Christ en croix est en outre édifié. C’est également de cette époque que date la chapelle Sainte-Anne, bâtie dans l’angle du cimetière.
En 1511, avec le commandeur Pierre d’Englisberg, la Planche est séparée de Tavel et l’église de l’Ordre est élevée au rang d’église paroissiale pour le quartier. Il s’agit de la première paroisse de Fribourg distincte de Saint-Nicolas. Le commandeur nomme le curé et lui accorde un logement avec jardin dans la Commanderie. Avec la création de cette nouvelle paroisse, Pierre d’Englisberg renouvelle le mobilier liturgique. En fonction de 1504 à 1545, il se révèle un administrateur hors pair. En plus de relever la commanderie de Saint-Jean, il consacre ses soins à la paroisse et restaure l’église, bâtit une sacristie et la
pourvoit d’objets nécessaires au culte. En revanche, la nouvelle église paroissiale ne dispose pas encore de fonts baptismaux et il faut monter à Saint-Nicolas pour recevoir le baptême.
Au XVIIe siècle, l’église est rénovée et une nouvelle cure destinée à la paroisse est bâtie. En outre, on assiste à la démolition du jubé, à la pose de bancs dans la nef et à la dorure du maître-autel. La nef est prolongée, mais ne recevra sa forme définitive qu’en 1885. Au XIXe siècle, l’Ordre connaît des heures sombres et s’effondre. À Fribourg, à la suite de la mort du dernier commandeur Franz Karl von Wigand, l’État hérite des droits et devoirs de la commanderie, mais s’en dessaisit en faveur du Chapitre Saint-Nicolas en 1828. Dès 1820, l’ancienne commanderie est convertie en pénitencier pour les personnes condamnées par le tribunal correctionnel. Cela dure jusqu’au début du XXe siècle.
En 1832, la chapelle du Petit-Saint-Jean (premier lieu d’établissement de l’Ordre à Fribourg) est démolie, tandis que le nouveau curé de Saint-Jean Meinrad Meyer parvient à empêcher la démolition de son église. À la fin du siècle, les circonscriptions ecclésiastiques sont modifiées et trois rectorats dépendants du Chapitre de Saint-Nicolas sont créés : Saint-Jean pour le quartier des Planches et de la Neuveville, Saint-Maurice pour l’Auge et Saint-Pierre pour les Places.
Au XXe siècle, de nombreux travaux sont réalisés. On laisse visibles les peintures murales du XIVe siècle qui sont redécouvertes, tandis que le maître-autel de 1785 est supprimé et un autel néogothique est édifié. En 1924, lorsque la collégiale Saint-Nicolas est élevée au rang de cathédrale, son chapitre cède ses droits sur les paroisses. Le rectorat de Saint-Jean devient une paroisse à part entière qui doit entretenir son église avec son mobilier. Les travaux permettent également de satisfaire les besoins liturgiques et sacramentels : accueil des fidèles, baptême et pénitence.